đŸIA, peinture et ronrons : toute crĂ©ation a un coĂ»t Ă©nergĂ©tique
Toute crĂ©ation, mĂȘme artistique, quâelle soit biologique, artisanale ou numĂ©rique, a un coĂ»t Ă©nergĂ©tique.
PlutĂŽt que de le craindre, il est plus utile de lâobserver et de le comprendre.
Quand on parle dâintelligence artificielle gĂ©nĂ©rative, les chiffres circulent souvent sans contexte.
On lit quâune image de chat gĂ©nĂ©rĂ©e par IA consommerait quelques wattheures disons entre 2 et 10 Wh,
selon le modĂšle, la taille de lâimage, la carte graphique ou le systĂšme de refroidissement (certains utilisent davantage dâeau).
Ce nâest pas une valeur fixe, mais un ordre de grandeur.
Par curiositĂ©, on peut comparer cette dĂ©pense numĂ©rique Ă celle dâun chat bien rĂ©el. đ±
Sur quinze ans, la production de sa nourriture, ses soins et ses accessoires
mobilisent, Ă la louche, plusieurs milliers de kWh et plusieurs millions de litres dâeau.
(calcul basĂ© sur lâĂ©tude The Water and Land Footprint of Pets University of Twente,qui estime environ 85 000 litres dâeau par an pour un chat moyen selon son rĂ©gime alimentaire,soit 85 000 Ă 15 = 1 275 000 litres, essentiellement liĂ©s Ă la production de sa nourriture).
Ces chiffres restent des extrapolations, mais ils donnent lâĂ©chelle :
un ĂȘtre vivant, un instrument de musique ou une IA
participent tous, Ă leur maniĂšre, Ă ce grand cycle de transformation de lâĂ©nergie en art ou en ronrons.
Un autre repĂšre : la fabrication dâun piano Ă queue demande environ 1 500 Ă 2 000 kWh,
sans mĂȘme compter lâĂ©nergie humaine des artisans.
Cela inclut le séchage des bois, la fonte du cadre métallique, les cordes, les vernis et le transport.
Autrement dit, un seul piano concentre lâĂ©nergie dâenviron 600 000 images gĂ©nĂ©rĂ©es par IA.
(estimation issue dâanalyses de cycle de vie de la facture instrumentale, notamment Steinway & Sons Environmental Report 2021 et Yamaha Group Sustainability Data Book 2023).
Lâart nâa jamais Ă©tĂ© neutre : il transforme, façonne et consomme.
MĂȘme les gestes les plus simples, comme peindre un chat Ă la gouache, ont un coĂ»t cachĂ© : papier, peinture, pinceaux, eau, lumiĂšre dâatelier quelques dizaines de Wh,
soit lâĂ©quivalent Ă©nergĂ©tique dâune ou deux images IA.
Ajoutez le chauffage, le repas de lâartiste ou le transport du matĂ©riel,
et la création devient un microécosystÚme énergétique à elle seule.
Il en va de mĂȘme pour photographier un chat : le smartphone ou lâappareil photo a nĂ©cessitĂ© 100 Ă 200 kWh pour ĂȘtre fabriquĂ©,
et chaque cliché, retouche et stockage ajoute encore quelques wattheures.
Le plus naturel des gestes numériques transporte lui aussi une empreinte invisible.
Le piĂšge serait dâen faire un procĂšs.
Ce ne sont pas les outils qui Ă©puisent le monde, mais la maniĂšre, et surtout le pourquoi nous les utilisons, sans conscience ni mesure. Mais la vie n’est pas faite que de choses utiles, l’inutile c’est aussi la vie, l’art a d’ailleurs Ă©tĂ© classĂ© comme « bon pour la santĂ© par l’OMS, en un mot l’art nous est utile.
Mais, les nouvelles technologies ont introduit une nouveautĂ© : elles concentrent la dĂ©pense Ă©nergĂ©tique au mĂȘme endroit, la rendant enfin visible et mesurable !
LĂ oĂč il Ă©tait jadis presque impossible dâĂ©valuer lâimpact du papier, de lâencre ou du bois, lâIA nous permet, paradoxalement, de voir ce que nous consommons en crĂ©ant.
Lâintelligence artificielle, comme le piano en son temps, nâest ni une menace ni un miracle : câest un instrument de plus dans notre orchestre humain.
Reste Ă savoir si nous jouerons juste.
Le numérique est déjà devenu un art à part entiÚre.
Certaines artistes comme Algorave, qui code sa musique en direct pendant ses concerts, le prouvent chaque semaine.
Jean-Michel Jarre, les pionniers des trackers ou encore les Daft Punk lâavaient dĂ©jĂ pressenti : la machine peut, elle aussi, devenir instrument de poĂ©sie.
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